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L’importance d’élargir notre conception des personnes présentant des troubles alimentaires
L’importance d’élargir notre conception des personnes présentant des troubles alimentaires

L’importance d’élargir notre conception des personnes présentant des troubles alimentaires

Remarque : Cet article décrit les pensées, les émotions et les comportements associés à l’orthorexie, un trouble alimentaire; certaines personnes pourraient trouver ces renseignements troublants.
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Patrice Cammarano sur des troubles alimentaires

Quand j’étais jeune, j’avais des problèmes de poids. Enfant, ça ne me dérangeait pas vraiment, mais j’ai toujours senti que j’étais différent de mes amis, que je ne pouvais pas courir aussi vite ou aussi longtemps qu’eux. Que je ne performais pas comme j’aurais dû. Et des années durant, j’ai gardé ce sentiment de ne pas être à la hauteur à cause de mon poids. En 2017, j’ai pris ma toute première résolution du Nouvel An : perdre du poids. 

J’ai passé les six mois suivants à faire de l’exercice régulièrement et à manger sainement, et j’ai commencé à me sentir plus fort et plus énergique. Mais je continuais de penser que mon poids m’empêchait de réaliser mon potentiel. À ce stade, mon attitude envers ce que je mangeais s’est transformée en véritable obsession. Je supprimais des groupes alimentaires entiers de mon alimentation et je vérifiais méticuleusement la liste des ingrédients et les étiquettes nutritionnelles de ce que j’ingurgitais. Tout ce qui n’était pas parfaitement « sain » était évité à tout prix. Et donc, même si j’avais l’air en bonne santé, ma façon de choisir mes aliments était des plus néfastes. 

Je sais maintenant qu’il s’agissait d’orthorexie, un trouble alimentaire qui conduit la personne qui en souffre à devenir tellement obsédée par une alimentation saine que cela nuit à son bien-être. Mais à l’époque, traiter mon corps avec autant de rigueur me semblait être la bonne chose à faire. Après tout, quand je regardais les médias sociaux, je voyais quantité d’acteurs, de mannequins et d’athlètes vénérés pour les régimes extrêmes qu’ils suivaient. Et j’étais un athlète de piste aussi. J’étais récompensé pour la perception que je donnais de prendre soin de ma santé physique de cette manière. Mon environnement contribuait donc à banaliser ce que je vivais. 

Mais j’en suis quand même venu un jour à la conclusion que je devais en parler à mon médecin. L’orthorexie n’est pas encore officiellement reconnue parmi les troubles alimentaires, mais nous avons quand même pu travailler ensemble à un plan de traitement qui stabiliserait mon alimentation et mon poids. Ça a pris beaucoup d’efforts et de patience, mais, avec le temps, j’ai pu atteindre un point où j’étais vraiment heureux et en santé. Tous les troubles alimentaires peuvent être traités, il est important de le comprendre. Mais il faut d’abord les reconnaître pour ce qu’ils sont, soit des maladies graves.

La première chose à faire, c’est d’y sensibiliser les gens et apprendre à reconnaître les symptômes associés à ces troubles. Il faut aussi comprendre que les troubles de l’alimentation peuvent toucher absolument n’importe qui, y compris un homme apparemment en bonne santé! Donc, si une personne autour de toi décide de supprimer des groupes complets d’aliments de son régime, si elle montre un niveau élevé de détresse lorsqu’elle n’a pas accès à des aliments « sûrs » ou « sains », si elle vérifie de manière compulsive les listes d’ingrédients et les étiquettes nutritionnelles et si elle est incapable de manger autre chose que des aliments précis qui sont considérés comme « sains », cette personne souffre peut-être d’orthorexie. Il existe de nombreuses ressources accessibles en ligne pour nous aider à comprendre les symptômes et les signes avant-coureurs de chaque trouble alimentaire (pour une liste complète, clique ici [en anglais seulement]). 

Sers-toi de ces connaissances pour observer les gens autour de toi. Et si tu remarques les signes d’un trouble alimentaire, n’hésite pas à en parler à la personne concernée. Parfois, c’est tout ce que ça prend pour qu’elle en prenne conscience et qu’elle demande de l’aide. Plus généralement, on peut tous contribuer à créer un meilleur environnement pour ceux et celles qui vivent avec un trouble alimentaire et qui ont une image corporelle négative d’eux-mêmes ou d’elles-mêmes en acceptant les gens pour leur personnalité et non pour leur apparence. Notre valeur vient de ce que nous sommes comme être humain, et non de notre apparence. On gagnerait tous à entendre ce message plus souvent.