Il ne s’agit pas d’un site pour parler de ses idées ou comportements suicidaires. Si tu es en état de crise, appelle le 911 ou rends-toi à l’urgence pour recevoir de l’aide.

Briser les barrières avec la Ministre Chagger​

17 juin 2020​

En mai dernier, les participant.e.s dau tout premier Sommet Jack virtuel ont présenté 10 recommandations à la ministre de la Diversité, de l’Inclusion et de la Jeunesse, Bardish Chagger, ainsi qu’au secrétaire du parlementaire, : Adam van Koeverden afin que le gouvernement fédéral puisse mieux soutenir la santé mentale des jeunes. 250 jeunes ont développé ensemble ces recommandations durant le Sommet Jack qui s’est tenu du 4 au 8 mai dernier. Ces jeunes se sont rassemblé.e.s virtuellement pour discuter des obstacles à une bonne santé mentale dans leurs communautés et des situations qui doivent changer. À l’issue de ces discussions, des représentant.e.s de chaque région du pays ont rencontré la ministre Chagger et son équipe pour discuter d’une barrière propre à leur région et d’une solution. Ces discussions entre les jeunes militant.e.s en santé mentale et les allié.e.s adultes sont au cœur de notre projet : bâtir un pays où toute la jeunesse a accès aux services de soutien en santé mentale qui sont culturellement adaptés. Cette discussion est un excellent point de départ, mais ce n’est que le début. La collaboration entre  les jeunes leaders et les intervenant.e.s adultes est essentielle afin de changer le visage de la santé mentale de la jeunesse canadienne.

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Voici ce que les participant.e.s du Sommet Jack avaient à dire : 

Alberta

Nous sommes conscient.e.s que notre gouvernement travaille fort afin d’accorder une priorité à la santé mentale en ce moment, mais il y a toujours des lacunes dans nos prestations de services. Notre recommandation porte sur une lacune dans la capacité actuelle des services de santé mentale dans les régions rurales de l’Alberta. On parle ici d’un manque d’accès et du caractère incomplet dans l’ensemble des services de ces communautés. Par exemple, les services de suivi après une intervention initiale sont limitées et sont fragmentés. Il y a aussi des lacunes dans la continuité  de services. Il existe un effet de porte tournante dans les environnements de soins ruraux et il est de plus en plus important de remédier au problème, d’autant plus que notre système de santé continue d’être restreint par la situation entourant la COVID-19.

Nous recommandons d’améliorer la capacité des prestataires de services pour les jeunes dans les domaines de l’éducation et des soins de santé des façons suivantes :

1. Identifier les possibilités de renforcement de la capacité des infrastructures existantes par le biais de consultations menées auprès des communautés locales.

2. Fournir les ressources relatives aux fonds, au personnel et à l’expertise nécessaires pour stimuler le renforcement à l’aide d’un modèle de formation des formateurs qui leur permet d’identifier les champion.ne.s de la communauté afin de susciter l’adhésion de la collectivité et stimuler la viabilité du programme à long terme.

« C’était essentiel que nous présentions nos idées à la ministre, car on ne saurait trop insister sur l’importance de développer des relations solides de travail entre les intervenant.e.s adultes et nous, les jeunes militant.e.s! Le fait d’avoir une voix supplémentaire au niveau parlementaire permet à notre travail de sensibilisation de prendre plus d’envergure et le fait de pouvoir le faire dans un cadre virtuel était incroyable. J’espère que les recommandations pourront être mises en œuvre et appuyées par le financement et le soutien de ces intervenant.e.s adultes et des décisionnaires politiques aux niveaux national et provincial. »

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Lindsay Currie, Alberta

 

Colombie-Britannique

En Colombie-Britannique, il faut absolument fournir de meilleurs soins de santé mentale aux personnes à faible revenu. Pour ceux qui ont de mauvais services de télécommunications, nous avons pour but de mettre en place une meilleure infrastructure dans les « zones sans réseau ». Nous proposons au CRTC de créer un mandat gouvernemental qui oblige les entreprises de télécommunications à établir une couverture Internet abordable et étendue. Nous espérons que grâce à des subventions pour les entreprises de télécommunications versées par le gouvernement, nous pourrons réduire les obstacles financiers en construisant des tours dans les « zones sans réseau ». Au Canada, nous pensons que recevoir des soins de santé est un droit pour tous les individus. Ainsi, les voies d’accès à ces soins doivent être accessibles.
 

Nouveau-Brunswick 

La force propre au Nouveau-Brunswick que nous avons identifiée en tant que groupe est son réseau de soins communautaires. Les Néo-Brunswickois.e.s sont reconnu.e.s pour se rassembler et se soutenir mutuellement à la tragédie et l’adversité. Par contre, lorsqu’il s’agit des défis posés par la santé mentale, trop de jeunes passent entre les mailles du filet. Cette situation s’explique notamment par le manque d’éducation communautaire sur la santé mentale,  de la stigmatisation et les ressources disponibles. Nous recommandons qu’un programme d’éducation en santé mentale adapté à l’âge et aux différents niveaux scolaires soit établi dans nos systèmes d’enseignement public. Les avantages de l’éducation en santé mentale peuvent être constatés en pratique, comme ce fut le cas l’éducation sexuelle : au fil du temps, une plus grande sensibilisation, une communication ouverte et une plus grande force de soutien sont des tendances qui ont été observées au sein de la communauté. Nous aimerions que l’éducation en santé mentale soit adoptée dès que possible au sein de nos systèmes éducatifs et que ces derniers s’adaptent pour répondre aux besoins des jeunes en matière de santé mentale avec le temps. Une éducation en santé mentale précoce renforcerait également la structure de soutien communautaire au Nouveau-Brunswick, surtout dans les zones rurales.

« Les politiques à l’égard des jeunes ont longtemps été instaurées sans tenir compte des points de vue et les expériences des jeunes qu’elles toucheront directement. Résultat, les jeunes militant.e.s n’ont pas l’impression que leur voix est entendue lorsqu’ils.elles partagent leurs perspectives. Pour mettre en œuvre notre travail militant et voir des changements au niveau systémique, nous avons besoin d’allié.e.s comme la ministre Chagger parmi les décisionnaires. Rencontrer la ministre Chagger était l’occasion pour nous de faire entendre nos voix et nos points de vue à une personne qui a l’autorité pour mettre en œuvre les changements qu’on demande. J’espère que la présentation faite devant la ministre Chagger n’apportera pas seulement des changements dans nos régions, mais encouragera également d’autres allié.e.s adultes à solliciter nos voix et nos opinions quand vient le temps de prendre des décisions importantes concernant la jeunesse canadienne. »

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Lauren Whiteway, Nouveau-Brunswick


Terre-Neuve-et-Labrador

Il y a un manque de services à Terre-Neuve-et-Labrador et ce qui est offert n’est pas toujours bien annoncé ou facile d’accès. Nous devons étendre les services actuels à Terre-Neuve-et-Labrador et renforcer l’infrastructure pour y accéder. En investissant dans les services déjà en place, nous pouvons améliorer leur capacité d’accueil et les rendre plus accessibles à la population. On s’assurera ainsi que les gens connaissent ces services, qu’ils savent comment y accéder et qu’ils sont en mesure de le faire.

« C’était inspirant de savoir que nous avions l’espace nécessaire pour parler de nos préoccupations avec ceux et celles qui ont le pouvoir de faire quelque chose. En exprimant nos problèmes, nous faisons savoir aux décisionnaires ce que doit être corrigé afin que tous les Canadien.ne.s puissent avoir un avenir meilleur et plus prometteur. J’espère que plus de personnes reconnaissent l’importance de la communication et qu’elles sont plus ouvertes à y prendre part. Je veux que les gens sachent qu’on est uni.e.s et qu’on a le pouvoir d’améliorer le Canada. Ce que nous faisons a un sens, et aura certainement un impact sur notre avenir. Nous devons donc nous unir et travailler ensemble pour nous assurer que tous les besoins sont pris en compte. »

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Mary Feltham, Terre-Neuve 


Nouvelle-Écosse

C’est la polyvalence des services qui pose problème en Nouvelle-Écosse et plusieurs communautés passent entre les mailles du filet du système. Nous recommandons un modèle de subvention qui alloue des fonds publics à la polyvalence et à l’innovation des services en fonction des besoins qui ont été identifiés en consultant la communauté. Cela permet à la communauté de faire entendre sa voix en ce qui concerne la répartition des fonds.

 

Ontario

Afin de remédier au manque d’éducation en santé mentale dans notre système scolaire, surtout l’adaptation culturelle reliée à celle-ci, nous recommandons à la ministre de la Diversité et de l’Inclusion d’organiser des rencontres hebdomadaires avec le Conseil des ministres de l’Éducation. Chaque ministre de l’Éducation superviserait un conseil consultatif de la jeunesse formé en tenant compte des considérations suivantes : 

  • La structure ou la mission doit être similaire à celle du Conseil consultatif national de la jeunesse de l’ACSM.
  • Au moins trois jeunes par conseil doivent être issu.e.s des Premières nations, des Métis et des Inuits.
  • Au moins trois jeunes par conseil doivent être issu.e.s de familles à faible revenu.
  • Au moins trois jeunes par conseil doivent issu.e.s de communautés racisées ou immigrées.

Nous suggérons que ces conseils consultatifs de la jeunesse soient formés dans les trois mois à venir et que la réunion des ministres ait lieu dans le mois suivant la formation des conseils consultatifs. 

C'est impossible de répondre aux besoins des jeunes sans placer leurs voix au coeur des solutions. Comme plusieurs militant.e.s avant nous l’ont dit : « Ne faites rien pour nous sans notre consultation ! »

Partout au Canada, les données montrent que les étudiants vivent des difficultés par rapport à leur santé mentale, ce qui aggrave encore plus notre système de santé. Les études démontrent qu’une amélioration dans la santé mentale des jeunes au cours de leur enfance permet des économies de 140,000$ au cours d’une vie (Commission de la santé mentale du Canada, 2013). Toutes les recommandations présentées aujourd’hui nous aideront à apporter des changements significatifs et durables.

« C’était important de pouvoir présenter devant la ministre: l’expérience a permis de créer un sentiment d’accomplissement pour les efforts incroyables, collectifs de sensibilisation que nous avons créés à travers le Canada. La force dans le nombre et les arguments solides que nous avons apportés ont démontré la puissance de notre voix. J’espère que les recommandations provinciales seront exploitées à l’échelle nationale, non seulement pour continuer la conversation, mais aussi pour mettre en place des mesures concrètes afin d’éliminer les lacunes des services de santé mentale. On aura donc des temps d’attente réduits et plus raisonnables partout au Canada et on disposera des ressources pertinentes adaptées aux besoins de chacun.e. »

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Emilie Leneveu, Nord et Centre de l'Ontario

 

Île-du-Prince-Édouard

Sur l’Île-du-Prince-Édouard, les délais d’attente pour accéder à des soins en santé mentale après un traitement dans un établissement de soins actifs sont incroyablement longs, ce qui entraîne une lacune dans le continuum des soins. De plus, nous avons un manque flagrant de psychologues et de spécialistes en santé mentale par rapport à notre population. Notre recommandation est d’encourager le gouvernement fédéral à travailler avec les gouvernements provinciaux afin d’offrir un soutien financier supplémentaire pour le recrutement de psychologues à l’Île-du-Prince-Édouard.

 

Québec

La grande quantité de changements vécus chez les jeunes en fait une population vulnérable aux difficultés en santé mentale et au développement de maladies mentales. On remarque un manque flagrant de connaissances et d’éducation sur le sujet, surtout en comparaison avec l’importance accordée à la santé physique. Nous recommandons d’adapter le Guide de programme Comprendre la santé mentale et la maladie mentale pour tous les niveaux académiques au Québec et de l’implanter dans toutes les écoles. Ceci permettra, à long terme, d’assurer un niveau de connaissances de base en santé mentale chez les jeunes afin de promouvoir une santé mentale positive et ainsi diminuer la charge sur les ressources communautaires et le système de santé, et constitue donc une solution durable.

« Je pense que c’est très important de parler aux politicien.ne.s et de présenter des recommandations basées sur nos recherches, nos points de vue et nos expériences vécues, puisque ces fonctionnaires constituent des acteurs de changement. Ils et elles ont les outils pour nous aider à passer des politiques qui vont permettre d’améliorer l’état de la santé mentale dans nos provinces respectives et à travers le Canada. Selon moi, le gouvernement doit être à l’écoute de ses citoyens et d’agir selon leurs besoins, puisque nous sommes limités dans notre capacité d’agir au sein du système et nous avons besoin que ce dernier s’adapte à l’époque présente. J’espère que la Ministre Chagger prendra en compte notre recommandation et suivra les démarches pour nous aider à la mettre en place. Elle est une alliée du mouvement pour la santé mentale — une alliée dont le Québec a énormément besoin. Nous sommes loin d’avoir les mêmes ressources offertes dans d’autres provinces ou la vision plus positive sur la santé mentale comme ailleurs. C’est pourquoi nous considérons que l’introduction d’un curriculum où la santé mentale est inclue est primordiale pour évoluer en tant que société. » 

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Alexandra Radu,
Québec
 

Saskatchewan and Manitoba

Nous reconnaissons les progrès accomplis par les provinces des Prairies pour améliorer l’accès des résident.e.s aux ressources de santé mentale. Nous aimerions voir une augmentation du soutien financier et même une réorientation des fonds existants vers des organismes de santé mentale locaux. Ceux-ci puissent, par la suite, administrer des services de télésanté culturellement et communautairement adaptés aux communautés rurales qui n’ont pas accès aux ressources en ce moment. En matière de santé mentale, il n’y a pas de solution unique, et nous voulons soutenir les organismes communautaires locaux qui s’en inspirent.

« Les habitant.e.s des Prairies se sentent souvent laissé.e.s de côté et négligé.e.s. Au niveau national, nos expériences semblent souvent oubliées ou ignorées. Les difficultés qui nous sont uniques (rurales, agricoles, liées aux besoins spécifiques des peuples autochtones, aux injustices raciales et institutionnelles, aux difficultés d’accès, etc.) concernent toutes des domaines majeurs de la société qui nécessitent une action efficace pour garantir la santé et la sécurité de nos résident.e.s, quel que soit leur statut socio-économique, culturel ou géographique. Ce sont les gens qui vivent dans les prairies qui y connaissent le mieux. C’est absolument merveilleux et d’une grande importance d’avoir la chance de parler à une personne qui a le pouvoir de créer un changement positif et durable et qui veut vraiment connaître la situation ainsi que les victoires et les difficultés que nous vivons. J’espère sincèrement que nos recommandations, ainsi que celles des autres provinces et territoires, seront prises au sérieux et suivies par la suite. Je suis certaine qu’il y aura plus de discussions et de collaboration dans le futur et j’espère que la passion, la résilience, la pensée critique et les efforts qui ont été suscités dans le processus de communication avec le ministre Chagger ne perdront pas de leur élan. »

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Emily Sather, Saskatchewan

 

Yukon, Northwest Territories, and Nunavut

L’accès aux services de consultation et aux services gratuits est limité dans les territoires, ce qui touche tous les membres de la communauté. Cette lacune a été considérablement accrue par la fermeture des écoles, des centres communautaires, des services de consultation en personne et de ceux des conseiller.ère.s communautaires. La consultation virtuelle ne représente pas une solution pour les communautés qui n’ont pas accès au téléphone ou à l’Internet. De plus, les services de consultation ne sont pas toujours couverts et peuvent engendrer des frais supplémentaires que nos jeunes ne peuvent pas se permettre. Nous recommandons la mise en place de « carrefours » dans les centres communautaires et dans les bibliothèques où les membres de la communauté peuvent accéder gratuitement à des ressources en santé mentale. Le carrefour offrirait un espace confidentiel permettant aux jeunes de communiquer avec des thérapeutes sur Internet ou par téléphone et d’accéder à des ressources en ligne. La mise en place de ce carrefour permettra à nos communautés de s’épanouir en veillant à ce que chaque membre de la communauté ait accès au soutien dont il ou elle a besoin.

« C’était important pour moi de faire une présentation devant la ministre, car j’ai souvent l’impression que notre voix n’est pas entendue par ceux et celles en mesure d’apporter des changements. Ça peut donner l’impression de parler dans le vide. Surtout en tant qu’habitant.e.s du Nord, on a souvent l’impression de ne pas être représenté.e.s. C’était vraiment significatif d’avoir quelqu’un pour nous entendre et j’espère que la ministre Chagger continuera à écouter nos recommandations et que nos voix continueront à être entendues. C’était vraiment significatif d’être écoutée par la ministre Chagger et j’espère qu’elle suivra nos recommandations. Nos voix doivent être entendues. J’espère que cette conversation se poursuivra et que nos recommandations amélioreront les services en santé mentale au Canada. J’espère que nous ferons l’effort d’inclure la voix des groupes marginalisés dans ces conversations. J’espère que les ressources en santé mentale deviendront accessibles à tous les Canadien.ne.s. ».

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Nora Vincent-Braun, Yukon