Il ne s’agit pas d’un site pour parler de ses idées ou comportements suicidaires. Si tu es en état de crise, appelle le 911 ou rends-toi à l’urgence pour recevoir de l’aide.

Sons de cloche: La santé mentale au masculin et la pluralité communautaire, ça s’accorde.

Notre société persuade les hommes de refouler leurs émotions et taire les difficultés qu'ils rencontrent avec leur santé mentale, ce qui leur cause beaucoup de tort. Pourtant, cette réalité est réversible. Lorsqu'on parle ouvertement et sans jugement de santé mentale dans une communauté, on offre aux hommes l'opportunité de s'éduquer sur le sujet

Patrice Cammarano, représentant de réseau pour le Nouveau-Brunswick.

Patrice.jpg
« En tant qu’athlète sur piste, j’ai toujours été frappé par les idéologies toxiques au sujet de la masculinité qui persistent dans le monde du sport. Les jeunes athlètes apprennent que c’est leur performance qui prévaut. Ils comprennent qu’on s’attend d’eux qu’ils se surpassent et accumulent les médailles et les records, même lorsqu’ils sont blessés ou endoloris. C’est irréaliste et malsain. Dans un tel contexte, nous préférons taire nos problèmes de santé mentale. J’ai vu à quel point cette culture a pu nuire à beaucoup de jeunes athlètes que je côtoyais. 

Les difficultés personnelles qui sont perçues comme des handicaps pour la performance sont des sujets tabous dans les cercles sportifs, car aborder ces sujets est perçu comme un signe de faiblesse. Je compte sur les entraîneurs pour aider à changer les mentalités vis-à-vis de ces normes malsaines. Ils ont une énorme influence sur ces jeunes athlètes qui les voient comme des mentors. Ces entraîneurs peuvent éclairer les jeunes hommes sur les façons de reconnaître une difficulté avec leur santé mentale. Ils peuvent sensibiliser ces athlètes à l’importance de parler de leur santé mentale, et les encourager à en prendre soin au même titre que leur bien-être physique. Les entraîneurs peuvent devenir des agents de changement et contribuer à une culture sportive où les athlètes réalisent que la santé est plus importante que le sport, et que prendre une journée de repos pour sa santé mentale équivaut à prendre le temps de se remettre d’une blessure. 

Entre athlètes, aussi, nous devons nous parler. Nos coéquipiers et les gens que nous voyons à l'entraînement peuvent être des personnes vers qui se tourner en cas de difficulté. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes au Canada, et les hommes sont trois fois plus susceptibles de mourir par suicide que les femmes. Nous devons être assez courageux pour nous soutenir les uns les autres. Et nous devons trouver le courage de parler pour nous-mêmes et de demander l'aide dont nous avons besoin. Les athlètes sont félicités lorsqu’ils prennent soin de leur santé physique. Il est grand temps que nous fassions de même lorsqu’ils prennent en main leur santé mentale. »
 

Ezechiel Nana, représentant de réseau pour le Québec

Ezechiel.jpg

« Les discussions sur la santé mentale peuvent être intimidantes au début, surtout pour les jeunes hommes. Et lorsque vous venez d'une communauté où la santé mentale n'est pas abordée ouvertement, ça peut être très difficile d'entamer cette conversation. Les jeunes hommes en particulier peuvent se sentir jugés ou ridiculisés après avoir exprimé leurs émotions. Et c’est un énorme problème car ça les empêche d’obtenir le soutien dont ils ont besoin. Nous devons normaliser les conversations sur la santé mentale et nous éloigner de l’idée qu’il est noble pour un homme de lutter en silence. 

Les jeunes hommes n’entendent pas assez leurs leaders communautaires parler de santé mentale de façon constructive. Ces figures communautaires doivent valider les jeunes hommes qui font preuve de compassion envers eux-mêmes et envers leur entourage. Il faut qu’ils sachent qu’ils ont des gens sur qui compter s'ils sont aux prises avec leur santé mentale.

J'ai toujours vu ma communauté spirituelle comme une source de conseils en matière de santé mentale. J’y côtoie des personnes qui, comme mon pasteur, sont ouvertes et honnêtes à propos des problèmes de santé mentale et expriment des opinions positives sur le counseling. Tout ça m’a permis de parler plus facilement de ma propre santé mentale. 

Le fait d’entendre quelqu’un pour qui j’ai une grande estime parler de santé mentale a validé mes propres expériences et a eu un effet d'entraînement sur toute la communauté. Ça nous a montré que n’importe qui peut rencontrer des difficultés avec sa santé mentale et que si on demeure ouvert sur ces sujets, on peut compter sur le soutien de toute une communauté. »

Riley Wells, Conférencier Jack

Headshot.JPG« Ce mois-ci, nos fils de médias sociaux regorgent de publications sur la santé mentale des hommes. Nous partageons des messages, des collectes de fonds et des prises de positions qui réévaluent ce que signifie « être un homme » dans notre société. Nous attirons l'attention sur la façon dont les hommes apprennent à réprimer leurs émotions et en subissent les conséquences lorsque leur santé mentale se détériore. Nous repoussons les idéologies malsaines qui entourent la notion de masculinité et font que de nombreux hommes ont de la difficulté à demander de l’aide et à parler ouvertement de leur santé mentale.

De plus, la santé mentale des hommes mérite notre attention plus qu’un mois par an. Les hommes sont les moins susceptibles de rechercher du soutien alors qu’ils sont beaucoup plus susceptibles de mourir par suicide que tout autre sexe. Nous devons en parler toute l’année si nous voulons changer les choses. Et nous devons nous parler.

Il faut que les hommes sachent qu'il n'y a rien de mal à recevoir de l’aide, même s’ils sont plus habitués à être ceux qui fournissent du soutien. Je veux leur dire de tendre la main et de ne pas oublier que la santé mentale, c’est un cheminement et non une destination. L’important est de progresser un peu chaque jour. Certains préfèrent parler épaule à épaule plutôt que face à face. Alors, prenez de leurs nouvelles ou offrez votre support pendant une balade en auto, pendant que vous jouez à un jeu vidéo ou que vous regardez un match. L’essentiel, c’est d’entamer la conversation. Quelque chose d'important se cache peut-être derrière cette moustache. »

Quinn Richardson, Conférencier Jack

Quinn.jpg

« J’ai grandi dans une région rurale où ma communauté ne se préoccupait pas vraiment de la santé mentale. La plupart des gars plus âgés ne parlaient pas de leurs émotions ni des difficultés qu'ils traversaient. Je pense que beaucoup d’entre eux essayaient de se conformer à cette idée que pour être perçu comme un homme il faut taire ses émotions. Ça se reflétait chez les garçons de mon âge. Nous ne parlions pas de santé mentale ni de ressources en santé mentale. La mentalité, c’était qu’il fallait traverser nos difficultés en silence même si cela causait de réels dommages. J'ai vu cette mentalité changer un peu avec l'âge, mais je pense toujours que nous attendons des hommes qu'ils se conforment à certains modes de communication et d'expression pour être acceptés. S'habiller de manière non conventionnelle ou écouter de la musique alternative peut être controversé lorsque nous ne nous conformons pas à ce que les gens attendent de nous. Quand j’ai commencé à assumer les facettes non-conventionnelles de mon identité, ça a été incroyable pour ma santé mentale. Je souhaite à plus d'hommes qu’ils puissent s’accepter tels qu’ils sont afin de pouvoir cheminer vers une meilleure santé mentale. 

Alors ce mois-ci, parlons. Apprenons à parler. Encourageons les hommes à parler. Sensibilisons nos cercles sur la santé mentale des hommes et réfléchissons collectivement et de manière critique à ce que nous attendons de nous-mêmes et des hommes qui nous entourent. Notre masculinité ne doit pas nous amener à effacer toutes les autres facettes qui enrichissent notre identité et contribuent à notre bonheur. Il ne s’agit pas de faire de changements radicaux mais de reconnaître et assumer, au fur et à mesure, ces petites choses qui font notre individualité et nous rendent heureux. 

Les hommes méritent d'être acceptés et soutenus pour qui ils sont. Nous avons tous un rôle à jouer pour les aider à y parvenir. »